Revenir ici précisément maintenant que la date anniversaire de la mort de _ approche. Mais elle tombe par hasard en cette période estivale où il faut toujours que je m’arrange pour vivre ce que je ne souhaite pas vivre. Ter repetita non placent.
Toujours cette interrogation sur ce que veut dire écrire ici en public des choses intimes, qu’il faut taire, que la morale ordinaire désigne comme indécentes, sauf à être écrites par des écrivains, qui ne laissent pas l’émotion envahir les phrases mais restent maîtres de leurs phrases, savent transcrire dans le choix des mots ce qu’il faut pour
je ne sais toujours pas le faire mais je ressens toujours la même pression à le faire, le même besoin
j’ai fui ici pendant longtemps, et j’y reviens alors que
parce que cela me convient d’écrire ici, me vide, m’autorise peut-être à vivre, à être ce que je suis, et tant pis pour les traces laissées, mais qu’importe, la vie avance si vite
les traces laissées
je crois que je viens de tracer des mots qui font écho à nombre de choses qui
non, je ne finirai pas toutes mes phrases – parce que c’est impossible de finir ces phrases-là, parce que leur fin signifierait précisément la fin de
et puis le corps refuse de les achever, ne donne pas l’énergie pour chercher le terme de ces phrases de ces phases
ce sont toujours encore les mêmes émotions qui, les mêmes interrogations qui, les mêmes angoisses qui
pourtant, si j’accepte d’être sincère, peut-être accepterais-je l’idée que je suis mieux maintenant qu’il y a un an, qu’il y a deux ans, qu’il y a quatre ans, qu’il y a huit ans, qu’il y a quinze ans
succession d’états d’étapes pour…
je bois des litres pour que mon corps s’allège, revenir à un état antérieur du corps
je lis pour la joie des mots, pour sortir aussi de moi alors que c’est précisément moi que je retrouve là
m’interdire de dire je et il n’y a plus de texte
pense à toi – mais je ne fais que cela
je ne pense qu’à toi parce que
je ne désarme pas, je n’accepte pas
je pense – aussi – à la personne morte il y a quatre ans, je lui en veux d’être morte, comme j’en veux à cette autre morte il y a au moins 15 ans à présent
que peut-on faire ici sans vous à présent sinon s’agiter, se secouer, tenir bon, faire bonne figure, profiter – ah ah « profiter », je déteste ce mot- serrer les dents – et puis aimer, beaucoup, les vivants, tant qu’on peut, parce que
oui peut-être est-cela la fin de ma phrase de ma phase aujourd’hui – aimer les vivants
c’est bête
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